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Proarti : Les Ombres Rencontrent Gérard Pesson

Lors des premières lectures des Leçons de ténèbres à une et à deux voix pour le mercredi saint émerge l'idée de les accompagner de résonances mystérieuses. Faire appel au compositeur Gérard Pesson s'impose alors comme une évidence, afin d'insérer entre chacune d'entre-elle deux antiennes contemporaines pour voix et instruments, telles de brèves respirations, vivantes. Les Ombres convient les voix suaves des soprano Chantal Santon et Anne Magouët, complices de toujours, à donner un sens nouveau aux mélismes aériens de Couperin et Pesson, d'hier à aujourd'hui. Les ombres couperin le. Concert

Les Ombres Couperin 2

En savoir plus sur le projet artistique Note d'intention Suite à leur interprétation distinguée par la critique des méconnues Apothéoses, et Nations de François Couperin, les Ombres livrent une nouvelle lecture de son héritage sacré. Les Nations, dont la première pièce parut en 1690, et la dernière en 1726, forment un recueil de musique de chambre unique au sein du répertoire baroque français. Proarti : Les Ombres rencontrent Gérard Pesson. En effet elles visent à accorder les style italiens et français, en associant à chaque sonate en trio, chères à Arcangelo Corelli, les suites de danse à la française mises à l'honneur par Jean-Baptiste Lully. Cette alliance des styles, nommée par Couperin lui-même « Les goûts réunis » témoigne de l'attachement de Couperin à ces deux maîtres, de sa maîtrise de l'écriture en trio, et de son exigence en matière d'exécution, notamment par la complexité des phrasés et des ornements. Les leçons, parues en 1714, témoignent quant à elle de l'attachement de Couperin au sacré, au texte et à la vocalité. On peut reconnaître dans sa musique instrumentale une maîtrise des rythmes, et des appuis, de même qu'il placerait chaque note sur un texte donné.

Traditionnellement les lettres hébraïques maintenues en tête de chaque verset dans la traduction latine des Lamentations de Jérémie étaient développées en de longs mélismes; peu à peu la musique s'empara de l'ensemble du texte, conférant un aspect flamboyant à ces paroles dramatiques qui narrent la chute du royaume de Juda en 586 avant J. C. Dès 1662 Michel Lambert livre les premières compositions « officielles » pour accompagner ces offices. Après lui Marc- Antoine Charpentier, Michel-Richard Delalande et François Couperin notamment proposent leurs propres compositions sur cette liturgie pascale. Les ombres couperin 2. Cette « dérive musicale» est d'ailleurs sévèrement critiquée par certains contemporains comme un dévoiement de la foi chrétienne. Ainsi Lecerf de la Viéville déplore que « Mille gens ne vont plus à Ténèbres à moins qu'on ne soit sûr que les leçons seront travaillées de la main d'un compositeur fameux ». Dans sa Comparaison de la musique française et de italienne (1705) le même auteur fustige les conditions de ces offices, qui ressemblent davantage à un concert qu'à une cérémonie religieuse: « Quel spectacle dans le chœur ou dans le jubé d'une église que cinq ou six figures débraillées, habillées de diverses façons et véritablement comme des comédiens enfarinés jusqu'à la ceinture, tournant sans cesse la tête, prenant du tabac, causant et grimaçant ».

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July 30, 2024, 5:01 am