Lors du refroidissement, le cerclage «tirait», autrement dit il rétrécissait, et assurait ainsi le serrage et un parfait maintien des différentes composantes de la roue», précise-t-il. Un patrimoine sauvegardé Si l'outil présenté au MVR est un modèle utilitaire, dépouillé et métallique, la roulette de charron pouvait aussi présenter d'autres aspects. Réalisées en bois ou dans un mélange bois-métal, certaines d'entre elles pouvaient aussi être décorées, gravées ou munies d'une aiguille en lieu et place de l'encoche. Ce souci de personnalisation témoignait de l'importance accordée par l'artisan à ses outils. Adaptés au travail à effectuer, mais aussi à la personne qui les maniait, ils représentaient bien souvent l'une des premières richesses de l'artisan. Contribuant à un travail de qualité, ceux-ci lui permettaient en effet de gagner sa vie. En retour, l'artisan en prenait soin pour en assurer la longévité. De tels objets, du plus insignifiant au plus rare, le musée de la Vie rurale de Huissignies en regorge.
Cric de charron servant à lever les essieux de charrettes, tombereaux, ou autres.. soit lors de la mise en place d'une roue neuve cerclée de fer après embattage, soit lors du démontage, remontage d'une roue lors du refoulage d'un bandage de fer, ayant pris du jeu... Roulette de charron qui permet de mesurer la dimension d'une roue en bois afin de la recouvrir d'un cercle de métal. C'est une opération appelée l'embattage. Merci à notre ami Joêl pour sa belle (et érudite) collection.
L'artisan pouvait profiter d'un nœud naturellement présent dans le bois pour cheviller la roulette, évitant la casse de celle-ci. Certaines roulettes forgées sont délicatement ornementées et certains modèles en bois sont taillés minutieusement. Elles sont très nombreuses à être dépouillées et uniquement utilitaires. Elles ne possèdent pas de cadran mais souvent un seul repère et exceptionnellement une aiguille permettant de se repérer dans la mesure. Pour mesurer la jante et ses circonférences intérieure et extérieure, le charron trace un repère sur sa roue, aligne le repère de sa roulette sur cette marque et parcourt la circonférence en comptant les tours. Il ne tombe évidemment pas sur un nombre entier ce qui l'oblige à marquer d'un coup de trait sur le calibre, la fraction de tour parcourue pour revenir à la marque de départ. Il reporte ensuite cette mesure sur son fer, qui encore plat, en ajoutant le recouvrement de la gueule de loup qui sera nécessaire au soudage à la forge permettant de refermer le cercle après cintrage et il enlève la tire qui assurera lors du refroidissement du fer, le serrage des composants de la roue (le diamètre du tour de jante en bois étant donc obligatoirement supérieur au diamètre intérieur du fer pour obtenir ce serrage... ).
Il est assez facile de trouver cet outil, du moins dans sa version « bois ». Les modèles en acier sont bien plus prisés et s'ils sont décorés, ils attireront encore plus l'amateur d'outils anciens. Source pour cet article: « Outils et machines des métiers du bois », Jean-François ROBERT, éditions Vial, p. 154, 2006
L'atelier du charron fleure bon le bois. Scies, tarières, cuillères, planes, rabots, varlopes, riflards, trusquins, serre-joints, ciseaux, bédanes, roulette, vilebrequin, maillet, gouges et ciseaux à bois sont soigneusement rangés sous les gabarits répertoriés et accrochés au plafond... Rabots, simples ou à semelle convexe, et varlope permettent de dégauchir et d'égaliser la planche: ils créent de longues boucles de copeaux. Puis la plane entre en jeu, adoucissant les arêtes et façonnant le bois. Le vilebrequin est utilisé pour percer les trous, avec des mèches à bois de différentes dimensions. La confection de la roue nécessite quant à elle des étapes et des outils spécifiques. Le moyeu en est son centre, tourné dans de l'orme tortillard. L'on y creuse, à l'aide de tarières et de gouges, les mortaises dans lesquelles prendront place les rais. Est ensuite percé le trou conique, destiné à la pièce métallique où tournera plus tard la fusée de l'essieu: on le commence avec une mèche cylindrique, puis le trou est agrandi avec des cuillères de plus en plus grosses et il est terminé à l'aide d'une tarière conique.