Bonjour tout le monde! Bienvenue sur mon tout nouveau Blog. Prenons le temps blog de. Pour quoi faire? et bien, il y a souvent des choses qui me passent par la tête, et je me dis que cela serait bien que d'autres que moi puissent dire quelque chose du style: …/ C'est n'importe quoi, ce que tu dis! Et je tente de le prouver. /… ou …/ Je suis tout à fait d'accord avec toi et l'on pourrait même ajouter /… Bien voilà, dès que ça arrive, je le dépose ici et on en parle… À bientôt …
Quand en mars nous avons fait nos premiers pas dans le quartier pour ce blog, nous avons trouvé de nombreuses portes closes, des visages fermés, des regards méfiants. Nous étions journalistes, et en tant que telles, de toute évidence pas les bienvenues dans ce quartier qui en a vu débarquer des tas avant nous, ces quarante dernières années. Comment ne pas se souvenir de cette fois-là où nous rendions visite à une association de femmes... La porte s'est ouverte sur un joyeux sourire avenant, qui s'est brusquement inversé lorsque nous nous sommes présentée. Mais ce n'était en fait qu'une question de temps. Ça n'a l'air de rien, mais c'est crucial dans notre métier, à l'heure où de nombreuses rédactions restreignent drastiquement les possibilités de reportage pour réduire les coûts. Prenons le temps... - APEL Sainte-Marie Bastide. C'est une des choses que nous a confirmées cette expérience du blog: avoir le temps, c'est extrêmement précieux. Surtout quand on est en terrain "sensible", comprenez "à fleur de peau". Le temps nous a ainsi permis de tisser doucement une relation de confiance avec des habitants, qui ont accepté de nous ouvrir leurs portes, de nous faire rencontrer leurs familles, de nous décrire leurs conditions de vie, en sortant de l'urgence et des petites phrases toutes faites qu'on peut attraper au vol quand on n'est là que pour quelques heures, pour "ramener un sujet".
Nous repensons à Samira, blessée dans sa position de maman. Nous repensons à Annie, qui lutte chaque jour pour vivre avec 500 euros par mois. Nous repensons à Saïd, qui sous un vernis de "jeune de banlieue", cache des questionnements de jeune tout court. Prenons le temps - Les yeux de ma vie. Nous repensons à Abdou et son trajet Moroni-La Courneuve, à ses rêves d'enseigner qui se sont fracassés sur la réalité de "l'intégration". Et nous repensons enfin à tous ces commentaires virulents que, en notre âme et conscience, et sans aucun scrupule ni peur d'être accusées de censure, nous n'avons pas validés, mais qui disaient tant de haine de l'autre. Et nous comprenons alors que, comme dit Nasreddinne, "la route est longue". Le blog nous a aussi permis de rencontrer de nouveaux interlocuteurs, d'avancer sur d'autres problématiques, d'envisager d'autres perspectives. En 2011, la barre Balzac sera détruite, un événement historique pour le quartier. Le nous a proposé de nous donner encore du temps, pour écouter, comprendre et, nous l'espérons, détruire quelques images d'Epinal.
Le temps nous a permis aussi de devenir nous-mêmes témoins. Nous avons vu par exemple la barre Balzac se vider de ses habitants, ses cages d'escalier murées, le lieu de deal jusqu'ici au bas de la barre se déplacer vers les porches des immeubles voisins. Nous avons constaté de nous-mêmes les ascenseurs en panne à répétition. Nous avons compris que le petit panneau "les policiers sont en îlotage dans le quartier" accroché en permanence sur la porte du poste de police créé en 2005 entre Balzac et la Tour était un mensonge, confirmé par les toiles tissées sur la porte par les araignées: par manque d'effectifs, voilà longtemps qu'aucun policier n'est plus affecté au poste du quartier, qui a même servi de bureau de Poste cet été pendant les travaux de la Poste du quartier. Prenons le temps blog 2017. La nouvelle Poste, parlons-en: depuis qu'elle a rouvert à la rentrée, au bas de la Tour, il n'y a toujours pas de boîtes aux lettres accessibles, il faut entrer donner sa lettre en main propre au postier. Pratique, non? Peu à peu, nous avons compris ce que voulaient dire les habitants du quartier quand ils confiaient avoir l'impression de ne pas être considérés comme des citoyens comme les autres.