Culture VIDÉO. Avec Éthiopiques, collection qui fête ses 20 ans, le label Buda musique offre une plongée au cœur de la scène musicale d'Addis-Abeba des années 70. Ethiopiques, Vol. 4: Ethio Jazz & Musique Instrumentale 1969-1974 by Buda Musique: Amazon.fr: CD et Vinyles}. Là où battait le cœur de la musique africaine, libre et indépendante. - Page 2 Musique - Éthiopiques: ces pépites du « Swinging Addis » - Page 2 © DR La diva de Gondar Beaucoup plus jeune que son aîné, la chanteuse Etenesh Wassie est née en 1971 à Gondar, l'une des plus anciennes capitales de l'Éthiopie. Et ce n'est sûrement pas un hasard quand on entend sa voix captivante en diable, qui semble puiser dans les tréfonds d'une tradition millénaire: « J'ai commencé à chanter très jeune à l'âge de quinze ans, accompagnée par la percussion le kebero et le massenqo la vièle à une corde, dans les azmaribet ces petits cabarets traditionnels ouverts de 9 heures du soir à 5 heures du matin, sept jours sur sept », raconte-t-elle. C'est un chanteur azmari avec lequel elle s'est mariée à ce (jeune) âge qui l'a initiée à cette pratique musicale: « Il m'a appris le répertoire.
Je savais que j'avais du talent, mais je n'avais jamais eu l'occasion de l'exploiter. C'est lui qui m'a mise sur cette voie », insiste-t-elle. À Addis, dans son quartier de Datsun Sefer, Etenesh Wassie a enchaîné les scènes, accompagnée par des instruments traditionnels et parfois modernes comme la guitare ou la clarinette. Elle a notamment collaboré avec l'immense saxophoniste Getachew Mekurya, décédé en 2016 et surnommé le Négus du saxophone éthiopien. La reine des azmaribet Si le chant de cabaret a nourri Etenesh Wassie, la diva revendique une éthique de travail: « Il y a différentes façons de travailler dans les azmaribet. Certains sont spécialistes pour faire du business, essayer d'obtenir de gros pourboires. À l'intérieur de ces chansons qui peuvent durer dix minutes, j'ouvre une parenthèse improvisée avec des paroles à double sens: le samina wariq, parfois pour faire des blagues, parfois, si la famille est présente, pour faire les louanges. Je ne cherche pas à faire de l'argent à tout prix.
On commence par l'artiste phare de la musique éthiopienne des années 60 et 70, et qui est toujours en activité. C'est Mulatu qui a inventé (ou au moins, popularisé) l'ethio jazz, ce mélange de musique traditionnelle éthiopienne avec le jazz américain et la musique latine. Après avoir étudié la musique à Londres et aux USA (au prestigieux Berklee College of Music), publié deux albums américains, Mulatu est revenu dans son pays natal pour enregistrer avec les musiciens locaux plusieurs titres et cet album fondamental Ethio Jazz pour le compte du label de Amha Eshèté. La musique enregistrée sur cet album est assez unique avec des harmonies purement éthiopiennes (qui rappellent la musique orientale) mariées à des arrangements et orchestrations plus jazz voir funk. Le son de cet « ethio jazz », purement instrumental, est très particulier avec des orgues, des pianos, des guitares fuzz, des sonorités modernes pour l'époque et des thèmes de cuivres plus traditionnels avec la participation du saxophoniste Feqadu Amde-Mesqel.